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Dacia Hipster Concept : la voiture électrique populaire réinventée à 3 mètres

MichaëlPublié le 6 octobre 2025

Dacia frappe fort avec le Hipster Concept, un prototype qui incarne sa vision de la mobilité électrique accessible. Trois mètres de long seulement, quatre vraies places, un coffre modulable et l’ambition de diviser par deux l’empreinte carbone des voitures électriques actuelles. Vingt ans après la Logan qui a révolutionné l’automobile abordable, le constructeur roumain veut récidiver en réinventant la citadine électrique populaire.

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Un défi radical : partir d’une page blanche

Depuis le début du siècle, le marché automobile suit une trajectoire implacable : des voitures toujours plus grandes, toujours plus lourdes, toujours plus équipées et donc toujours plus chères. Le prix moyen des véhicules neufs a bondi de 77% en Europe entre 2010 et 2024, bien au-delà de l’évolution du pouvoir d’achat des ménages. Cette inflation mécanique exclut progressivement une partie croissante de la population de l’accès à la voiture neuve.

Face à ce constat, Dacia pose une question simple mais radicale : et si on repartait de zéro ? Qu’est-ce qui sera vraiment essentiel demain dans une voiture ? Comment rendre la mobilité électrique accessible au plus grand nombre sans sacrifier l’usage réel ? C’est de cette réflexion qu’est né le Hipster Concept, un prototype qui casse délibérément les codes automobiles actuels.

Romain Gauvin, responsable du Design Avancé et Design Extérieur chez Dacia, ne cache pas l’ambition du projet : « C’est le projet le plus Dacia sur lequel j’ai travaillé. Un projet qui a la même portée sociétale que Logan il y a 20 ans. Et il s’agit d’inventer un objet qui n’existe pas aujourd’hui. »

Trois mètres chrono pour quatre vraies places

Dacia Hipster sièges

Le cahier des charges du Hipster Concept tient en une phrase : tout ce qu’il faut dans le minimum d’espace. Résultat, un format radical de seulement 3 mètres de long, 1,55 mètre de large et 1,53 mètre de haut. Pour comparaison, une Renault Twingo mesure 3,62 mètres et une Fiat 500 Electric 3,63 mètres.

Pourtant, malgré ces dimensions ultra-compactes, Dacia affirme avoir réussi l’exploit d’y loger quatre vraies places adultes et un coffre modulable de 70 à 500 litres selon la configuration. Stéphanie Chiron, responsable Produit Avancé chez Dacia, insiste sur ce point : « C’est tout ce que l’on attend d’un véhicule du quotidien, dans seulement 3 m de long : 4 vraies places et un coffre modulable. Une offre inédite qui n’existe pas sur le marché aujourd’hui. »

Cette prouesse d’optimisation volumétrique repose sur plusieurs partis pris radicaux. La carrosserie adopte une forme très cubique qui maximise l’espace intérieur. Les vitres et le pare-brise sont presque verticaux pour exploiter chaque centimètre cube disponible. Le toit intègre une partie vitrée à l’avant pour renforcer la sensation d’espace. Les roues sont repoussées aux quatre coins extrêmes du véhicule, sans aucun porte-à-faux ni à l’avant ni à l’arrière.

À l’intérieur, les sièges avant forment une banquette fusionnée, un clin d’œil aux voitures populaires iconiques du passé comme la 2CV. Les appuie-têtes sont ajourés pour gagner en légèreté. L’accès aux places arrière se fait en basculant le siège passager avant, facilité par la grande ouverture de la porte. La position d’assise du conducteur reste identique à celle de la Sandero pour garantir confort et visibilité.

La chasse au poids pour diviser l’empreinte carbone par deux

Au-delà de la compacité, Dacia a placé la réduction du poids au cœur de sa démarche. Le Hipster Concept affiche 20% de masse en moins que la Spring, déjà l’une des électriques les plus légères du marché avec ses 970 kg à vide. Cette recherche obsessionnelle de légèreté ne relève pas du simple exercice de style, mais d’une véritable ambition environnementale.

Moins de poids signifie moins de matières premières et moins d’énergie nécessaires lors de la fabrication. C’est aussi moins de masse à déplacer, donc moins d’énergie consommée à l’usage et une batterie plus petite pour une autonomie équivalente. L’objectif affiché par Dacia est de réduire de moitié l’empreinte carbone sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule par rapport aux meilleurs véhicules électriques actuels.

Cette démarche éco-responsable se manifeste dans chaque détail. Les protections latérales robustes sont fabriquées en Starkle, un matériau partiellement issu du recyclage développé par les ingénieurs Dacia. La carrosserie propose une unique couleur teintée dans la masse, avec seulement trois éléments peints : le nez avant et les entrées de porte latérales. Les vitres latérales sont coulissantes plutôt qu’à commande électrique. Même les poignées de porte extérieures disparaissent, remplacées par de simples sangles plus légères et moins coûteuses.

Une autonomie calibrée sur l’usage réel

Plutôt que de chercher à rivaliser avec les 400 ou 500 kilomètres d’autonomie des électriques conventionnelles, Dacia a dimensionné le Hipster Concept sur les besoins réels des automobilistes. En France, 94% des conducteurs parcourent moins de 40 kilomètres par jour. Le concept vise donc une autonomie suffisante pour les déplacements quotidiens avec seulement deux recharges par semaine.

Cette approche pragmatique permet d’embarquer une batterie plus petite, donc moins lourde et moins coûteuse, tout en répondant parfaitement à l’usage majoritaire. Le Hipster Concept se veut aussi à l’aise en ville que sur les routes de campagne ou périurbaines, là où vivent et circulent la majorité des Français.

Dacia ne communique pas de chiffres précis d’autonomie ou de capacité de batterie sur ce concept, mais la philosophie est claire : juste ce qu’il faut, pas plus. Cette sobriété assumée tranche radicalement avec la course aux kilowattheures qui caractérise le marché actuel.

Un design simple et mémorisable

Visuellement, le Hipster Concept surprend par sa simplicité radicale. Romain Gauvin assume totalement ce parti pris : « Notre ambition en réinventant la vraie voiture populaire était de lui offrir un design évident et mémorisable. Une voiture qu’on peut dessiner en trois coups de crayon. »

Le véhicule se présente comme un bloc robuste posé sur quatre roues aux quatre coins. Pas de fioritures, pas de lignes complexes, juste l’essentiel. La face avant adopte un traitement tout en horizontalité avec des projecteurs au design épuré qui donnent un regard à la fois sérieux et sympathique. Les feux arrière innovent avec un placement derrière la vitre du hayon, évitant ainsi le coût et le poids de vitres dédiées.

Le hayon arrière illustre la priorité donnée à la fonctionnalité : il couvre l’ensemble de la largeur du véhicule et s’ouvre en deux parties pour offrir un accès ultra-pratique au coffre. Les généreuses protections latérales en Starkle et les skis avant et arrière renforcent l’ADN robuste et outdoor de Dacia.

YouClip en standard pour une personnalisation à la carte

Dacia Hipster tableau de bord

Fidèle à sa philosophie du « juste nécessaire », Dacia livre le Hipster Concept avec le strict minimum à bord. L’habitacle est ensuite personnalisable grâce au système YouClip, ces points d’ancrage brevetés par la marque qui permettent de clipser des accessoires amovibles.

Onze points YouClip sont répartis sur la planche de bord, les panneaux de porte et l’intérieur du coffre. Ils peuvent accueillir porte-gobelet, accoudoir, plafonnier, rangements divers et autres accessoires selon les besoins de chacun. Cette approche modulaire permet de proposer un prix de base ultra-compétitif tout en laissant chaque client composer son propre niveau d’équipement.

La connectivité suit la même logique BYOD (Bring Your Own Device) déjà appliquée sur d’autres modèles Dacia. Le smartphone devient la clé digitale pour déverrouiller et démarrer la voiture, l’écran de navigation une fois installé dans sa station d’accueil, et même le système audio associé à une enceinte Bluetooth nomade compatible YouClip. Pourquoi payer pour dupliquer dans la voiture ce que l’on a déjà dans sa poche ?

Vingt ans après la Logan, même ambition sociétale

En 2004, Dacia lançait la Logan avec un positionnement révolutionnaire : une vraie voiture moderne et fiable à un prix défiant toute concurrence. Le pari, jugé fou par beaucoup, s’est révélé visionnaire. La Logan et ses dérivés ont démocratisé l’accès à l’automobile neuve pour des millions de familles en Europe et dans le monde.

Vingt ans plus tard, le défi est similaire mais concerne la mobilité électrique. Alors que les voitures électriques restent inaccessibles pour une large partie de la population malgré les aides publiques, Dacia veut rééditer son coup de maître. Le Hipster Concept n’est qu’un prototype, mais il incarne une vision claire : rendre l’électrique vraiment populaire en renonçant au superflu pour se concentrer sur l’essentiel.

Cette approche radicale questionne les fondamentaux de l’industrie automobile actuelle. Avons-nous vraiment besoin de SUV de deux tonnes avec 600 kilomètres d’autonomie pour faire 30 kilomètres quotidiens ? Faut-il embarquer des dizaines d’écrans et de fonctionnalités connectées qui augmentent le prix et la complexité ? Le Hipster Concept répond clairement non et propose une alternative assumée.

Quelles chances de production ?

Dacia qualifie le Hipster de « concept », terme qui dans l’industrie automobile désigne souvent un prototype destiné à rester au stade de la vitrine technologique. Pourtant, plusieurs indices laissent penser que ce projet pourrait dépasser le stade du simple exercice de style.

La maturité du design et la précision des choix techniques suggèrent un projet bien avancé. Les déclarations des responsables insistent sur la portée « sociétale » du projet, au même titre que la Logan en son temps. Dacia a démontré par le passé sa capacité à industrialiser des concepts audacieux en les rendant viables économiquement.

Le contexte réglementaire européen pousse également dans cette direction. L’interdiction programmée des véhicules thermiques neufs en 2035 oblige tous les constructeurs à électrifier leurs gammes. Pour Dacia, spécialiste de l’automobile accessible, le défi consiste à proposer des électriques vraiment abordables, ce que le marché peine à offrir aujourd’hui.

Si le Hipster ou un dérivé voit le jour en production, il pourrait révolutionner le segment de la micro-citadine électrique, actuellement dominé par la Dacia Spring à moins de 19 000 euros. Une version encore plus compacte et encore moins chère élargirait significativement le marché potentiel de la mobilité électrique.

Notre analyse : un manifeste plus qu’un concept

Le Hipster Concept fonctionne avant tout comme un manifeste. Il pose une question fondamentale que l’industrie automobile évite soigneusement : de quoi avons-nous vraiment besoin dans une voiture ? En répondant par la sobriété, la fonctionnalité et l’accessibilité, Dacia prend le contre-pied total d’un marché qui ne jure que par le premium, le SUV et la surenchère technologique.

Cette approche radicale comporte des risques évidents. Le public acceptera-t-il de renoncer au confort, aux équipements et à l’image véhiculée par une voiture plus conventionnelle ? Les trois mètres du Hipster le cantonnent à un usage urbain et périurbain, excluant de fait les longs trajets. Son design très utilitaire pourrait rebuter ceux qui voient encore la voiture comme un symbole social.

Pourtant, le pari de Dacia mérite d’être pris au sérieux. La Logan a prouvé qu’un marché existait pour des voitures simples, robustes et abordables. La Spring, malgré ses limites, rencontre un succès commercial indéniable. Le Hipster Concept pousse simplement cette logique à son terme en appliquant une sobriété encore plus radicale.

Dans un contexte de transition énergétique où l’électrique reste hors de portée pour beaucoup, cette vision alternative mérite d’exister. Reste à savoir si Dacia aura le courage industriel et commercial d’aller jusqu’au bout du concept. La réponse dans les mois à venir.

michaël

Michaël

Ancien passionné de moteurs thermiques, Michaël a pris le virage de l'électrique et s'est donné pour mission de rendre cette transition simple et accessible à tous. Sur viragelec.com, il décrypte l'actualité et partage ses conseils pour vous aider à maîtriser l'écosystème de la mobilité électrique.