Monophasé ou triphasé : quel raccordement électrique pour votre borne de recharge à domicile ?

Ça y est, la décision est prise. Vous allez franchir le pas et acquérir une voiture électrique ou hybride rechargeable. Vous imaginez déjà le silence de la conduite, les accélérations franches et les économies de carburant. Mais une fois l’euphorie passée, une question plus technique, presque intimidante, se pose : comment allez-vous la recharger ? Et plus précisément, comment équiper votre domicile pour faire le plein d’énergie de manière efficace, sûre et économique ?

Rapidement, au fil de vos recherches, vous tombez sur deux termes qui semblent tout droit sortis d’un manuel d’électricien : monophasé et triphasé. Loin d’être un simple détail technique, ce choix de raccordement est en réalité le pilier de votre future installation de recharge. Il déterminera la vitesse à laquelle votre voiture se rechargera, la puissance que votre abonnement électrique devra supporter, et potentiellement le coût de vos travaux.

Chez Viragelec.com, nous savons que cette décision peut sembler complexe. Notre mission est de démystifier la technique pour vous permettre de faire un choix éclairé, parfaitement adapté à vos besoins, à votre véhicule et à votre logement. Cet article est votre guide complet pour comprendre, évaluer et décider quel raccordement est fait pour vous.

Comprendre les bases : qu’est-ce que le courant monophasé et triphasé ?

Avant de parler de bornes et de voitures, il est essentiel de comprendre la nature du courant qui arrive chez vous. Imaginez votre alimentation électrique comme une autoroute.

Le courant monophasé : l’autoroute à une voie

Le raccordement en monophasé est de loin le plus courant dans les foyers français. Il consiste en l’acheminement de l’électricité via deux câbles : une phase (le conducteur qui transporte le courant) et un neutre. La tension entre ces deux conducteurs est de 230 Volts (V).

C’est l’installation standard pour la majorité des maisons et appartements, car elle est amplement suffisante pour alimenter l’ensemble des appareils domestiques classiques : réfrigérateur, télévision, four, éclairage, etc. La puissance d’un abonnement en monophasé peut généralement aller de 3 kilovoltampères (kVA) à 12 kVA, parfois jusqu’à 15 kVA dans de rares cas. Pour la plupart des foyers, un abonnement de 6 kVA ou 9 kVA est la norme. C’est une solution simple, économique et parfaitement adaptée à un usage résidentiel standard.

Le courant triphasé : l’autoroute à trois voies

Le raccordement en triphasé, quant à lui, est plus complexe. Il utilise quatre câbles : trois phases et un neutre. La tension entre chaque phase et le neutre est toujours de 230 V, mais la tension entre deux phases est de 400 V. L’avantage principal est qu’il permet de délivrer une puissance beaucoup plus importante et de la répartir de manière plus équilibrée.

Historiquement, on trouvait le triphasé dans les anciennes grandes maisons de campagne pour alimenter des machines agricoles, ou dans les ateliers d’artisans nécessitant des équipements gourmands en énergie (fours de potier, machines à bois, etc.). Aujourd’hui, il est systématiquement utilisé dans les bâtiments industriels et tertiaires, mais il reste plus rare dans les constructions résidentielles neuves, sauf si des équipements spécifiques comme une pompe à chaleur de grande puissance ou une piscine chauffée sont prévus dès l’origine. Un abonnement en triphasé commence souvent à 9 kVA et peut monter bien plus haut (18, 24, 36 kVA…).

L’impact direct sur la recharge de votre voiture électrique

Maintenant que les bases sont posées, voyons comment cela se traduit concrètement pour votre borne de recharge. La puissance de la borne, et donc la vitesse de recharge, dépend directement du type de courant disponible.

La puissance de recharge en monophasé

Avec une installation monophasée, vous pourrez installer une borne de recharge délivrant une puissance maximale de 7,4 kilowatts (kW). C’est la puissance la plus courante pour la recharge à domicile.

• Borne de 3,7 kW (16 Ampères) : C’est la puissance d’entrée de gamme. Elle permet de récupérer environ 15 à 20 km d’autonomie par heure de charge. Pour une batterie de 50 kWh, une charge complète de 0 à 100% prendrait environ 13 à 14 heures. C’est idéal pour les véhicules hybrides rechargeables ou pour les conducteurs de VE qui roulent peu et peuvent laisser leur voiture branchée toute la nuit.
• Borne de 7,4 kW (32 Ampères) : C’est la solution la plus recommandée en monophasé. Elle permet de récupérer environ 35 à 40 km d’autonomie par heure de charge. La même batterie de 50 kWh se rechargerait complètement en 6 à 7 heures. C’est parfait pour la quasi-totalité des usages : vous branchez votre voiture en rentrant le soir, et elle est pleine le lendemain matin, quoi qu’il arrive.

La puissance de recharge en triphasé

Si votre logement est raccordé en triphasé, les possibilités sont démultipliées. Vous pouvez installer des bornes beaucoup plus puissantes.

• Borne de 11 kW (16 Ampères par phase) : C’est le premier palier en triphasé. Elle permet de récupérer environ 60 km d’autonomie par heure. Notre batterie de 50 kWh serait rechargée en 4 à 5 heures seulement. C’est un confort appréciable pour ceux qui ont des besoins de recharge rapides et fréquents.
• Borne de 22 kW (32 Ampères par phase) : C’est la puissance maximale que l’on peut trouver en courant alternatif (AC) à domicile. Elle permet de récupérer plus de 100 km d’autonomie par heure. La batterie de 50 kWh serait pleine en à peine 2 à 3 heures.

Attention, un point crucial : la puissance de recharge sera toujours limitée par le maillon le plus faible de la chaîne, qui est souvent le chargeur embarqué de votre voiture. Si votre véhicule n’accepte que 7,4 kW en monophasé, installer une borne de 22 kW ne vous servira à rien, la charge sera bridée à 7,4 kW. Vérifiez bien les spécifications de votre voiture avant de rêver d’une recharge ultra-rapide !

Comment savoir si votre logement est en monophasé ou triphasé ?

C’est la question que vous vous posez certainement. Heureusement, il existe plusieurs méthodes simples pour le vérifier par vous-même.

1. Regardez votre compteur Linky : C’est la méthode la plus simple et la plus fiable. Appuyez sur le bouton de défilement « + » jusqu’à voir apparaître la puissance souscrite (ex: « PUISSANCE SOUSCRITE 9 kVA »). Juste après, le compteur affiche le type de raccordement. S’il n’y a rien d’écrit, c’est du monophasé. S’il est écrit « TRI », c’est du triphasé.
2. Examinez votre disjoncteur principal : Ouvrez votre tableau électrique et repérez le disjoncteur principal (celui qui coupe toute l’électricité de la maison).
   • S’il s’agit d’un bloc de 2 modules de large (bipolaire, avec une entrée phase et une neutre), vous êtes en monophasé.
   • S’il s’agit d’un bloc plus large de 4 modules (tétrapolaire, avec trois entrées de phase et une neutre), vous êtes en triphasé.
3. Consultez votre facture d’électricité : Votre facture mentionne la puissance souscrite. Si elle est de 15 kVA ou plus, il y a de fortes chances que vous soyez en triphasé. En dessous, c’est généralement du monophasé, bien que des abonnements triphasés à 9 ou 12 kVA existent.
4. Repérez les prises spécifiques : La présence dans votre garage ou atelier d’une grosse prise rouge à 5 broches (3 phases + neutre + terre) est un signe quasi certain d’une installation triphasée.

Le choix stratégique : quel raccordement pour votre projet ?

Maintenant que vous savez identifier votre installation, il est temps de prendre la bonne décision pour votre projet de borne.

Scénario 1 : Vous êtes déjà en monophasé (95% des cas)

C’est la situation la plus courante. La question à se poser n’est pas « dois-je passer au triphasé ? », mais plutôt « une borne de 7,4 kW est-elle suffisante pour mon usage ? ». Dans l’immense majorité des cas, la réponse est oui. Une recharge complète en une nuit couvre les besoins de tous les trajets quotidiens, même les plus longs.

Passer du monophasé au triphasé est une opération lourde et coûteuse. Elle implique une intervention d’Enedis, la modification de votre tableau électrique, et un coût de raccordement qui peut facilement dépasser les 1500€, sans compter les frais d’installation. Cette démarche ne se justifie que si vous avez des besoins de recharge exceptionnellement rapides (ex: profession libérale avec des tournées multiples par jour) ou si vous prévoyez d’autres équipements très énergivores.

Scénario 2 : Vous êtes déjà en triphasé

C’est une excellente nouvelle ! Vous disposez d’une « autoroute » électrique prête à l’emploi. Vous pouvez envisager sereinement l’installation d’une borne de 11 kW ou 22 kW (toujours en vérifiant la capacité de votre voiture). C’est un avantage considérable qui valorise votre bien immobilier.

Le seul point de vigilance est l’équilibrage des phases. En triphasé, la puissance est répartie sur trois circuits. Un installateur professionnel devra s’assurer que votre borne, ainsi que les autres appareils de la maison, sont répartis intelligemment sur les trois phases pour éviter de surcharger une seule d’entre elles et de faire disjoncter l’installation.

Scénario 3 : Vous construisez ou réalisez une rénovation lourde

C’est le moment idéal pour se poser la question. Si vous construisez une maison neuve, demander un raccordement en triphasé dès le départ est une décision très pertinente pour l’avenir. Le surcoût initial est bien moins élevé que celui d’une modification ultérieure. Cela vous permettra d’anticiper vos besoins futurs : une deuxième voiture électrique, une pompe à chaleur, une piscine, etc. C’est un investissement judicieux pour une maison « future-proof ».

Les coûts à ne pas oublier

Le choix entre monophasé et triphasé a aussi des implications financières directes sur le long terme.

• Le coût de l’abonnement : Plus la puissance souscrite (en kVA) est élevée, plus le prix de votre abonnement mensuel auprès de votre fournisseur d’énergie sera élevé. Une borne de 7,4 kW en monophasé nécessitera au minimum un abonnement de 9 kVA (voire 12 kVA si vous avez d’autres gros consommateurs). Une borne de 11 kW en triphasé demandera un abonnement d’au moins 12 kVA.
• Le coût de l’installation : Si une borne triphasée n’est pas forcément plus chère à l’achat qu’une borne monophasée de même gamme, l’installation peut être légèrement plus complexe, notamment à cause de l’équilibrage des phases.
• Le coût de la modification du raccordement : Comme mentionné, c’est le poste de dépense le plus important. Changer un raccordement existant de monophasé à triphasé est une opération à ne décider qu’après une analyse approfondie de vos besoins réels et futurs.

Le bon choix est celui qui vous correspond

Alors, monophasé ou triphasé ? Il n’y a pas de réponse universelle. Pour l’immense majorité des conducteurs de véhicules électriques ou hybrides rechargeables, le monophasé avec une borne de 7,4 kW est la solution idéale. Elle offre un équilibre parfait entre vitesse de recharge, coût d’installation et simplicité.

Le triphasé est une formidable opportunité si vous en disposez déjà, ou une option stratégique à envisager lors d’une construction neuve. Il offre un confort et une rapidité de recharge inégalés, à condition que votre véhicule puisse en tirer parti.

Le choix final dépend de trois facteurs : votre voiture, vos habitudes de conduite et, surtout, votre logement. Une analyse précise de votre installation électrique existante et de vos besoins futurs est la clé d’un projet réussi.